La clinique les Tamarins Sud, établissement de Soins Médicaux et de Réadaptation, située à Saint-Pierre (97) à La Réunion, met à disposition de ses patients, un dispositif médical pour l’amélioration de la prise en charge des personnes atteintes de Parkinson.
La maladie de Parkinson est une maladie neurodégénérative qui affecte environ 2000-2500 personnes à La Réunion. Il s’agit d’une maladie complexe, associant signes moteurs et signes non moteurs. Le traitement médicamenteux permet en général de bien contrôler les signes moteurs de la maladie à la phase initiale. Avec le temps, il peut apparaître des fluctuations motrices, rendant compte de l’évolution de la maladie. Celles-ci peuvent se manifester sous différentes formes : ralentissement des mouvements pouvant aller jusqu’à un véritable blocage moteur, troubles de la marche, tremblements ou mouvements amples involontaires appelées dyskinésies.
Grâce à un nouveau dispositif portable européen (Stat-On®) il est possible de détecter des fluctuations des symptômes moteurs associés pour améliorer les décisions de traitement de cette pathologie.
Un dispositif innovant pour surveiller les symptômes de la maladie
Actuellement, l’évaluation du patient est basée sur des carnets de suivi qu’il tient au quotidien, le remplissage de questionnaires standards qui, plutôt que d’offrir une analyse continue et dynamique, offrent seulement un aperçu statique et subjectif de leur condition. L’évaluation spécialisée neurologique n’est permise en général que sur un temps limité (une vingtaine de minutes) de consultation à un rythme de suivi également limité (4 fois par an) en général, ce qui ne permet pas une évaluation optimale des fluctuations quotidiennes des symptômes.
Le dispositif proposé par la clinique les Tamarins Sud est totalement autonome, se porte confortablement au-dessus des vêtements à la taille du patient, et contient une unité de communication qui transfère les résultats de l’évaluation motrice vers un appareil mobile externe.
Des algorithmes avancés d’apprentissage automatique analysent les informations inertielles et sont capables d’identifier les symptômes spécifiques de la maladie : blocage et ralentissement du mouvement et blocage brutal durant la marche correspondant à un état « OFF », dyskinésies correspondant à des mouvements anormaux plutôt en lien avec surdosage en traitement, et état moteur satisfaisant « ON ».
Les données des capteurs sont présentées dans un rapport qui est ensuite utilisé par les professionnels de santé pour mieux comprendre les variations de l’état moteur et permettre, en collaboration avec les neurologues, de guider les décisions thérapeutiques pour améliorer les capacités motrices et la qualité de vie des patients.
Ce système évalue donc objectivement, en continu sur la journée, sur une période de 5 à 7 jours, les symptômes moteurs de la maladie de Parkinson, permettant ainsi d’obtenir une cartographie journalière complète de leur distribution et de leur gravité dans le but d’en améliorer leur prise en charge.
Évaluation de l’appareil au sein de la Clinique Les Tamarins Sud
Les premiers patients ont débuté l’utilisation du dispositif médical l’été dernier et une cohorte de 9 patients a été incluse jusque début 2023. L’analyse qualitative des tracés et des rapports obtenus a permis de confirmer l’intérêt de ce type d’outil :
- Son utilisation est pertinente en cas de difficultés à remplir l’auto-carnet de suivi (troubles cognitifs, ou blocage sévère rendant impossible la prise de note pour un patient isolé) ;
- Il permet également d’avoir une information sur les horaires effectifs de prises de traitement (bouton à presser à chaque prise de traitement) et de réajuster si besoin l’information et l’éducation thérapeutique sur ce point.
- Certains points sont cependant à prendre en considération et peuvent parfois constituer des limites de son utilisation :
- Pour obtenir des résultats interprétables, il est fondamental que les patients (et parfois leur proche aidant également) bénéficient d’un temps d’explications et d’informations sur l’utilisation et la mise en place de l’outil.
- Il s’agit d’un outil très sensible avec des seuils de positivité à prendre en compte (enrayage cinétique de la marche, off, dyskinésie) avant de conclure à de réelles perturbations motrices ; il y a parfois des anomalies perçues par l’appareil sans conséquence clinique associée. En général, les seuils de positivité fournis par le concepteur permettent d’exclure les faux positifs.
- L’outil ne permet pas l’analyse des fluctuations nocturnes (en effet le boitier n’est porté que la journée) alors que ces dernières sont assez fréquentes et peuvent avoir un impact majeur sur la qualité de vie du patient.
- Il a été noté que la mise en place du dispositif (bien qu’étant une simple ceinture avec scratch) pouvait parfois être compliquée, notamment pour un patient isolé et/ou en phase OFF.
La conclusion de cette petite étude qualitative permet de conclure à l’intérêt de l’outil, chez des patients avec difficultés d’auto-évaluation ou présentant des troubles cognitifs, ou dans le cadre de fluctuations d’allure très irrégulières ou difficiles à comprendre. Le dispositif actuel ne permet malheureusement pas d’enregistrer l’activité nocturne ce qui constitue une limite, mais on peut espérer qu’une prochaine version le pourra.
Ce dispositif ne remplace pas mais complète de façon pertinente l’interrogatoire et l’évaluation clinique médicale. Au sein de la clinique, il s’agit désormais d’un outil d’évaluation utilisé de façon régulière pour les patients parkinsoniens avec fluctuations motrices.
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