11 avril 2024
Édito de Lamine Gharbi (Président de la FHP) – Défendre l’hospitalisation privée pour défendre l’accès aux soins
Discriminer l’hospitalisation privée n’améliorera en rien la trajectoire des finances publiques et ne permettra pas non plus de guérir l’hôpital public de ses maux. Cela ne fera qu’amplifier la dégradation de l’offre de soin pour les patients, et l’affaiblissement de notre système de santé.

C’est une hospitalisation privée plus unie et déterminée que jamais qui se prépare à une grève totale à compter du 3 juin prochain. Le choix politique délibéré fait par le gouvernement de discriminer l’hospitalisation privée par des tarifs 2024 indigents, n’améliorera en rien la trajectoire des finances publiques ; il ne permettra pas non plus de guérir l’hôpital public de ses maux. Il ne fera qu’amplifier la dégradation de l’offre de soin pour les patients, et du système de santé.

Au-delà, cette campagne tarifaire acte une profonde discrimination sociale et professionnelle, dont les effets vont rapidement se faire ressentir dans les territoires. Discriminer les cliniques et hôpitaux privés revient à porter préjudice à leurs 160 000 salariés, l’évolution de leurs rémunérations étant exclusivement dépendante des ressources reconnues à leur établissement d’exercice. Assécher les financements des établissements revient à empêcher toute revalorisation salariale, ce qui est fondamentalement injuste pour des professionnels qui assurent les mêmes missions et soignent les mêmes patients que leurs homologues de l’hôpital public.

Discriminer les cliniques et hôpitaux privés porte également atteinte aux 40 000 médecins qui y exercent, et qui délivrent chaque année des soins de qualité à neuf millions de patients. Les médecins libéraux sont à nos côtés dans le mouvement de grève initié. Les récents arbitrages viennent donc déstabiliser les missions des 200 000 professionnels de santé exerçant dans nos établissements, en fragilisant leur lieu d’exercice, et en obérant les efforts consentis pour être toujours mieux au rendez-vous de l’innovation.

Discriminer les cliniques et hôpitaux privés, c’est aussi déstabiliser en cascade tout un maillage d’acteurs de soins et nos parties prenantes dans les territoires, avec des retentissements en chaîne sur le tissu sanitaire et économique local : pharmacies de ville, cabinets médicaux, sous-traitants…

Enfin et surtout, discriminer les cliniques et hôpitaux privés, c’est faire bien peu de cas des neuf millions de personnes qui nous font confiance pour les soigner. Dans un futur très proche, le maillage territorial de l’offre de soin s’en trouvera fragilisé, l’offre hospitalière privée s’inscrivant en complémentarité de l’offre publique, sous l’égide régulatrice des ARS. Implantés dans de nombreux territoires fragilisés, nous sommes parfois « la dernière lumière allumée ». Si celle-ci s’éteint, ces territoires seront désertés par les spécialistes médicaux et chirurgicaux libéraux, privés de leur lieu d’exercice.

Mettre en difficulté l’hospitalisation privée revient donc à mettre en péril l’offre de soin dans son ensemble, et fragiliser l’équilibre de territoires entiers. La seule voie possible est la reconnaissance de tous, dans un objectif partagé du service médical rendu à nos concitoyens, mais ce n’est manifestement pas celle retenue aujourd’hui.

                                                                                                                         Lamine Gharbi

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