De l’Assemblée Nationale au Sénat, de la PPL « Garot » à la PPL « Mouiller », de tous bords politiques, des parlementaires cherchent à trouver des solutions aux difficultés d’accès aux soins, qui sont une réalité criante que nul ne peut nier. J’ai écouté les débats en commission et dans l’hémicycle sur la proposition de loi relative aux déserts médicaux, et entendu ces témoignages d’élus inquiets, confrontés à des pénuries médicales sur leurs territoires. Ils m’ont renforcé dans trois convictions.
La première conviction, c’est que le statu quo n’est pas tenable, et d’ailleurs le ministre de la Santé le sait bien et a décliné les chantiers engagés comme les impératifs d’action : former mieux et partout des professionnels médicaux mais aussi paramédicaux, sécuriser l’exercice des praticiens à diplôme hors Union Européenne, endiguer les départs des étudiants à l’étranger, valoriser l’engagement des docteurs juniors en zones sous-denses… De même, les mesures de délégation de compétences entre professionnels de santé et le développement des pratiques avancées vont dans le bon sens pour améliorer l’accès aux soins, et la FHP défend en cela la proposition de loi infirmière.
La deuxième conviction est qu’on ne réglera pas la pénurie en la régulant. Et moult tentatives de réformes ont démontré qu’il était vain de bâtir quoi que ce soit sans l’adhésion des principaux intéressés. Nos médecins ont besoin qu’on redonne à l’exercice libéral ses lettres de noblesse, pas que des mécanismes désincitatifs puissent participer à les en détourner. Comme pour les ratios de soignants, gardons-nous de la pensée magique en posant des cadres qui, séduisants sur le papier, ne passent pas l’épreuve de la réalité des exercices et des territoires.
Pour autant, et c’est ma troisième conviction, il y a encore des voies à explorer pour résoudre les problèmes actuels, des voies de responsabilisation et d’engagement de tous les acteurs de santé. C’est le sens de la concertation lancée par le ministre et destinée, je cite, « à capitaliser sur toutes les initiatives de nature à transformer l’organisation des soins ». Des pistes ont été évoquées lors des débats au Parlement : des études davantage territorialisées pour donner aux jeunes l’envie de s’installer sur leur territoire d’origine ; des capacités de formation basées sur les besoins de santé effectifs des territoires ; le décloisonnement des différents types d’exercice médical ; une meilleure objectivation de la densité réelle de l’offre médicale et paramédicale grâce à un indicateur territorial pondéré par des critères sanitaires, économiques, sociaux…
Si la contrainte n’est pas la solution, des solutions existent bel et bien pour rendre les conditions de l’exercice soignant comme les territoires, plus attractifs. Je ne partage pas, vous l’aurez compris, l’avis qu’hors la PPL « Garot », point de salut, et je soutiens les médecins et les jeunes femmes et hommes médecins qui défendent l’exercice libéral et des conditions d’installation attractives. En revanche, je crois au décloisonnement, à la responsabilisation et à l’engagement des acteurs, notamment sur la permanence des soins. Comme sur la simplification, la FHP sera force de propositions. Peu de sujets suscitent autant d’attente des citoyens-patients que celui de l’accès aux soins, l’issue de la concertation ouverte devra donc être à la hauteur des enjeux.
Lamine Gharbi