Alors que la fin de vie et le regard que nous portons sur notre propre finitude restent encore des enjeux mal explorés, voire tabous, dans notre pays, les discussions des deux propositions de loi – l’une sur les soins palliatifs et d’accompagnement, l’autre relative à la fin de vie et l’aide à mourir – ont le mérite de les inscrire pleinement dans le débat démocratique.
Aux côtés des autres fédérations hospitalières, la FHP a été auditionnée en 2024 sur les deux volets, et en 2025 sur les soins palliatifs. A ces occasions, nous avons présenté aux parlementaires le rôle important joué par l’hospitalisation privée, puisque notre profession représente près d’un quart des soins palliatifs en France, et nous avons exposé nos propositions pour diffuser une véritable culture palliative dans un contexte où les besoins ne sont pas suffisamment pourvus. Nous avons aussi dit l’importance cruciale d’une meilleure information et acculturation des patients à leurs droits, s’agissant notamment des directives/discussions anticipées.
Concernant l’aide à mourir, si les conditions cumulatives d’accès définies dans le texte nous paraissaient claires et nécessaires, nous avions longuement relayé les points éthiques d’attention nécessaires, que se posent beaucoup de médecins et de soignants au chevet des personnes vulnérables, dont l’importance de la collégialité de la décision.
Sur ces débats, dont je ne doute qu’ils seront de qualité dans l’hémicycle, j’ai néanmoins été très surpris que soit demandé par certains l’exclusion du secteur privé de l’aide à mourir. D’abord, sur le principe même de l’exclusion : le secteur privé n’est pas un secteur à part mais une composante à part entière du service public de santé, et ses missions en témoignent.
Ensuite, sur l’argument invoqué, très choquant, d’une « marchandisation » de l’aide à mourir : si cette vigilance est absolument légitime, cet argument ne peut trouver la moindre résonance crédible dans le secteur de l’hospitalisation privée, qui est totalement contrôlé et régulé pour l’ensemble de ses activités et dont les professionnels ont un haut sens de l’éthique de leurs pratiques.
Un argument similaire avait déjà été brandi sur l’aide médicale à la procréation. Or la « dignité » doit être aussi dans les débats, et nous refusons, et je refuse absolument, que l’hospitalisation privée soit instrumentalisée pour servir quelque positionnement que ce soit. Nous sommes respectueux des positions de chacun et nous nous en remettons, sur ces sujets sensibles et complexes, à la sagesse du législateur ainsi qu’à la recherche d’équilibre du Gouvernement soucieux de « définir les garde-fous et les lignes à ne pas franchir », pour fixer le cadre le plus clair et le plus protecteur de tous, soignants et patients.
Lamine Gharbi