Notre nouveau Premier ministre a, lors de la passation de pouvoir, souligné le décalage entre les soubresauts de notre vie politique et les véritables attentes des Françaises et des Français, et sa volonté de combler celui-ci.
Nous ne pouvons donc, en sus des félicitations que nous lui adressons pour sa nomination, que l’inviter à regarder de près les études successives qui, toutes, mettent la santé en tête des priorités des citoyens. Dans la dernière en date (IFOP), 80% des personnes interrogées font de la santé leur sujet de préoccupation numéro un, devant la lutte contre la délinquance et l’éducation.
Alors qu’au sein de la nouvelle équipe gouvernementale va être appelé le ou la douzième ministre de la Santé depuis 2017, nous avons plusieurs messages à délivrer pour le futur immédiat : d’abord, nous privilégions la stabilité et le temps long dans un contexte éruptif où certains voudraient plonger la France dans le chaos. Nous appelons également de nos vœux un ministre de plein exercice.
Nous souhaitons ensuite que les contours du Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale 2026 soient connus rapidement, et que son adoption se fasse dans un esprit de responsabilité ; et que l’ONDAM établissement de santé soit à +3 %, à la hauteur des missions que doivent accomplir les établissements de santé au service de l’accès aux soins.
Nous prônons plus que jamais une véritable loi de programmation en santé, sur le modèle de la loi de programmation militaire (Sébastien Lecornu devrait y être sensible !), et un « atterrissage » sans nouveau délai du Protocole de pluriannualité des ressources, afin d’investir dans la prévention, l’innovation, les ressources humaines… tout ceci dans un cadre de considération égale entre acteurs publics et privés.
« Il va falloir des ruptures, et pas que sur la forme et dans la méthode, mais aussi sur le fond », a dit Sébastien Lecornu. Sur la méthode, nous déplorons régulièrement l’absence de concertation et d’études d’impact dans les projets de réformes, encore tout récemment sur l’AME. Les réformes de financement sont particulièrement emblématiques de cela.
Sur le fond, l’état de la santé de notre pays impose des mutations structurelles, autour de l’efficience, de la qualité, de la pertinence, de l’attractivité des métiers, du primat de la mission sur le statut et bien sûr de la vision stratégique, qui seule peut nous permettre de relever les défis de la prévention et de l’innovation. Peut-on, comme l’affirme le nouveau locataire de Matignon, « y arriver » ?
Lamine Gharbi