Les acteurs du monde de la santé, dans leur diversité, se retrouvent nombreux cette semaine à l’occasion la Convention « CHAM ». Pendant deux jours, les enjeux cruciaux pour notre système de santé – qualité, prévention, innovation, organisation des soins… – sont amplement débattus.
Un colloque de plus, direz-vous ? Non, CHAM est bien plus que cela, une « institution » qui depuis 17 ans fait dialoguer les professionnels de santé, les industriels, les parlementaires, les fédérations et les syndicats, les tutelles… avec la volonté d’extraire des perspectives concrètes d’amélioration pour notre système de santé. Le tout sous la conduite experte de la nouvelle présidente de la Convention, Elisabeth Hubert, qui a succédé au « père fondateur » Guy Vallancien.
Dans l’attentisme général lié au contexte politique, où les textes sont suspendus et les ambitions amoindries (des soins palliatifs à la Grande cause santé mentale, sans compter le flou régnant autour du prochain PLFSS), cette ébullition fait du bien. Et quand l’intelligence collective fait émerger des sujets structurels de consensus, sur la pertinence ou la pluriannualité par exemple, les balbutiements de notre vie démocratique sont d’autant plus urticants qu’on aimerait tout simplement… passer à l’action.
Sans se faire trop d’illusions pour autant, nous souhaitons tous que 2026 soit une année utile. Qu’elle jette les bases, notamment, de la loi de programmation en santé que nous attendons et que soutient Yannick Neuder. Les parlementaires tentent eux aussi de se soustraire à la morosité ambiante en poursuivant le travail de fond : rien que depuis début septembre, la FHP a été auditionnée sur les soins palliatifs et la fin de vie par les sénateurs. Nous avons également contribué à la mission gouvernementale confiée aux députés Jean-François Rousset et Yannick Monnet sur les dépassements d’honoraires, et, aux côtés de la FHP-PSY, à la Commission d’enquête sur les défaillances des politiques publiques en matière de santé mentale.
A CHAM comme dans leur quotidien, les acteurs de santé demandent que les défis, tel que celui de l’accès aux soins, ne soient pas sacrifiés sur l’autel de tractations politiciennes. L’esprit de responsabilité doit prévaloir, notamment pour doter la France d’un budget. Pour la pérennité et la soutenabilité du système, il faut d’urgence un pilote dans l’avion, un PLFSS protecteur des missions de chacun, et des « ruptures » – pour reprendre le terme employé par le Premier ministre – sur la vision de long terme et l’action commune des acteurs de santé en réponse aux besoins de santé de Français, aujourd’hui de plus en plus inquiets et désabusés.
Lamine Gharbi