1 février 2023
Édito de Lamine Gharbi (Président de la FHP) – 2023, année déterminante pour la santé ?
« Un tournant pour sortir de l’enchainement infernal des crises et reprendre notre système de santé en main » : le ministre de la Santé, lors de ses vœux aux forces vives lundi, a placé la barre haut, tant pour le nombre de chantiers ouverts que pour les perspectives d’aboutissement de court terme.

Parmi les « dix travaux » de François Braun, un certain nombre d’entre eux sont en résonance avec ce que propose et ce que souhaite la Fédération de l’Hospitalisation Privée. Mais il y a parfois loin, de la coupe aux lèvres…

Oui, il faut « dépasser les lignes de fracture » qui s’étaient estompées au moment du Covid et qui resurgissent aujourd’hui. Mais nous n’y parviendrons que dans une logique d’égale reconnaissance de l’action de tous. « Notre santé mérite mieux que des raccourcis », a dit le ministre. Je ne peux qu’être d’accord, si l’on considère que trop souvent, alors que l’action du secteur privé a été saluée pendant la crise, certaines postures dogmatiques à notre encontre regagnent du terrain.

Oui, « la force viendra des collectifs de nos territoires », et j’ajouterais : de la confiance et de la latitude donnée aux acteurs pour s’organiser et se mobiliser au service des besoins en santé. Une « épineuse question » ? Je ne crois pas. Si les établissements de santé sont inclus sans distinction de statut dans l’ensemble des politiques et schémas en faveur de l’accessibilité, de la continuité et de la permanence des soins, avec des modes de fonctionnement et de rémunération identiques pour tous, nous parviendrons collectivement à relever ce défi. Tout est, là encore, une question de juste considération des missions accomplies, et de regard ouvert sur la réalité des engagements sur le terrain.

Oui, nous devons « redonner confiance en l’avenir aux professionnels ». En ce sens, les annonces de François Braun, dans la droite ligne de celles du Président de la République, font montre d’un volontarisme bienvenu sur la formation en nombre de jeunes générations de soignants. Former plus, former mieux, réviser ParcoursSup, libérer la voie de l’apprentissage, privilégier les approches par missions, créer un choc d’attractivité sur les territoires… Tout cela nous va bien. Et il y a urgence.

Et oui, nous devons « tourner le dos à la logique comptable » qui a trop longtemps miné les fondements du système et dont nous subissons encore les effets aujourd’hui. Mais gardons-nous d’avoir une approche du sujet par le petit bout de la lorgnette, et une entrée par les « outils » et les « techniques ». La seule question qui vaille est de faire émerger ensemble la meilleure voie pour répondre aux besoins des populations et privilégier la qualité du service rendu, tout en veillant à la bonne utilisation des ressources consacrées aux soins. Ce cadre nécessite là encore que les conditions d’équité entre public et privé dans les moyens alloués soient réunies, dans un cadre pluriannuel.

Alors oui, clairement, la réponse aux besoins de santé « ne se fera pas les uns contre les autres ». il faut le dire, l’affirmer, mais aussi le traduire dans la réalité des décisions posées, ce qui est loin d’être toujours le cas. En cela, la notion de « territoire démonstrateur », l’idée « d’afficher les réussites » plutôt que de ne voir que les faiblesses, me paraissent intéressantes. Car, comme l’a dit lundi la ministre Agnès Firmin-Le Bodo, « sur le terrain, dans les faits, la coopération existe. C’est plus souvent dans les débats institutionnels que l’on bloque. Dans la pratique, au quotidien… c’est souvent plus simple ! »

Lamine Gharbi

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