A peine ébauchés les contours de la « relation rénovée » entre le ministère de la Santé et l’hospitalisation privée, qu’une double déflagration politique – résultats des élections européennes et dissolution de l’Assemblée Nationale – vient percuter nos trajectoires de négociation. Cette semaine néanmoins, les fédérations hospitalières de tous statuts se sont réunies autour du ministre délégué à la Santé, et de son administration, pour travailler sur le Protocole de pluriannualité des ressources, dont nous souhaitons tous la plus rapide matérialisation.
Evidemment, une Fédération comme la nôtre ne peut conduire son action en apesanteur du contexte politique et institutionnel. Nous travaillons au quotidien et en toute transparence avec les parlementaires qui sollicitent notre expertise au travers de multiples auditions et sollicitations de contributions, sur des enjeux très divers. Pendant l’exceptionnelle mobilisation de notre secteur qui a suivi les annonces tarifaires, nous avons bénéficié du soutien de nombreux élus pour une raison très simple : nous sommes, sur leurs territoires, des acteurs majeurs de l’offre de soin.
Au-delà, par les missions de service public que nous remplissons, nous servons les valeurs du soin. Celles-ci sont exprimées en toute clarté dans notre Raison d’être inscrite dans les statuts de la FHP en juin 2022, en posant notamment « des établissements ouverts à tous » et l’engagement des cliniques et hôpitaux privés « au service de l’égalité d’accès aux soins partout sur les territoires ».
Le modèle social dans lequel nous nous inscrivons, partout en France, c’est celui de l’hospitalité inconditionnelle, au chevet de toutes les formes de vulnérabilités : c’est dans ce sens que, dans un communiqué de presse de novembre dernier, nous avions tenu à défendre l’Aide Médicale d’Etat. Il n’est sans doute pas superflu de rappeler l’importance de cette dimension de fraternité, partagée avec tous les acteurs de santé, alors que se joue l’avenir politique de notre pays.
Nous sommes aussi des entreprises de santé, et nous voulons continuer à investir et à innover au service des patients dans un environnement stable et de confiance. Comme le dit justement le Medef dans une déclaration publiée mardi, nous ne pouvons collectivement « prendre le risque de l’instabilité financière et de la défiance de nos partenaires économiques ».
Accès aux soins, prévention, soins palliatifs, santé mentale… Les chantiers sont immenses. Gardons-nous donc bien de jouer aux apprentis-sorciers au détriment de la santé des citoyens.
Lamine Gharbi