1 février 2024
Édito de Lamine Gharbi (Président de la FHP) – Des acteurs de santé « désarmés »…
Tous les regards étaient tournés hier vers l’hémicycle de l’Assemblée Nationale, pour la déclaration de politique générale du Premier ministre. Peu d’envolées lyriques, mais un souhait d’ancrage dans le concret, de répondre aux attentes des Français, avec cette phrase puissante : « je sais qu’ils ne me pardonneront rien ».

Tous les regards étaient tournés mardi vers l’hémicycle de l’Assemblée Nationale, pour la déclaration de politique générale du Premier ministre. Peu d’envolées lyriques, mais un souhait d’ancrage dans le concret, de répondre aux attentes des Français, avec cette phrase puissante : « je sais qu’ils ne me pardonneront rien ».

Bien sûr, il a été question de santé dans le discours, avec une volonté exprimée de « réarmer notre système de santé ». Pourtant, les acteurs de santé se sentent bien désarmés face aux immenses difficultés auxquels ils se trouvent confrontés… Si Gabriel Attal a affirmé qu’il y avait « davantage de raisons d’espérer que de douter », nous voyons hélas plus de raisons de douter que d’espérer, car le décalage est réel entre les propos tenus et la réalité quotidienne. Quelques illustrations :

« Agir pour qu’il n’y ait pas de territoires oubliés » est une intention qui fait consensus, mais qui doit se traduire en actes. Cela passe par la reconnaissance du rôle de tous sur les territoires. Alors que 40% de 1 030 cliniques et hôpitaux privés sont déjà en déficit et que les projections 2024 sont inquiétantes, nous attendons toujours le soutien indispensable pour compenser l’inflation et l’explosion des charges, afin de maintenir intacte la qualité de l’offre de soins au service des patients.

« Rendre hommage aux soignants » est une volonté louable, mais encore faut-il des preuves. Or la discrimination à l’égard des soignants qui exercent dans les établissements privés est inacceptable. Ils attendent les revalorisations salariales qui leur sont dues, ainsi que le bénéfice des indemnités de sujétion nuit et week-end dont ils sont aujourd’hui exclus. « Ces visages de l’attention et de l’humanité » évoqué par le Premier ministre ne doivent pas être traités comme des soignants de seconde zone.

Appeler à « poursuivre et amplifier la mobilisation » en faveur des salaires dans les branches professionnelles est bienvenu, mais encore faudrait-il que les branches vertueuses en soient récompensées. Conformément à ce que le Gouvernement nous avait demandé, nous avons signé avec la CFDT et l’UNSA un accord majoritaire de branche sur les classifications et les rémunérations. Cette avancée sociale majeure attend toujours son financement pour être appliquée.

Enfin, je regrette que des changements de paradigme que nous sommes très nombreux – acteurs de santé, patients, élus…. – à porter, tels que la pluriannualité, la prévention ou le Service Public de Santé, aient été laissés de côté au profit parfois d’annonces plus secondaires. Alors que la campagne tarifaire se dessine, nous avons pourtant un besoin urgent de souffle, d’ambition, et de moyens d’accomplir nos missions.

                                                                                                                         Lamine Gharbi

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