Les études se suivent… et se ressemblent : dans un baromètre Havas/CSA divulgué hier, la santé se situe au deuxième rang des préoccupations des citoyens, après le pouvoir d’achat. Les Français sont majoritaires à considérer que notre système de santé va mal, et les perspectives ne leur apparaissent guère encourageantes, au regard notamment des pénuries en moyens humains. Les attentes exprimées à l’égard du Gouvernement pour améliorer la donne sont donc particulièrement fortes, dans un contexte économique contraint.
Simplification du système au bénéfice des patients comme des acteurs de santé, lutte contre les déserts de santé, meilleure efficience des organisations et du parcours de soin, formation des professionnels de santé, prévention… : notre fédération s’efforce d’être très contributrice et nous retrouvons l’esprit de certaines de nos propositions dans les annonces gouvernementales.
Récemment, le Premier ministre a adressé une circulaire aux directrices et directeurs des Agences Régionales de Santé, « relative à l’efficience et à la performance des établissements de santé ». Cette circulaire appelle d’abord à « une visibilité plus grande des établissements de santé sur leurs ressources ». Il s’agit effectivement d’une demande récurrente des acteurs hospitaliers, que seule la mise en œuvre d’une véritable vision pluriannuelle pourra permettre. A ce titre, la réactivation des travaux sur le Protocole de pluriannualité entre l’Etat et les fédérations hospitalières doit pouvoir déboucher sur une signature dans les meilleurs délais, conformément aux souhaits du ministre de la Santé.
Dans un contexte où l’impact de l’inflation sur les établissements de santé de tous statuts n’a pas été compensé à la hauteur des besoins depuis trois ans, le seul enjeu de « maitrise des dépenses » évoqué par la circulaire, même s’il est nécessaire, ne peut suffire. Au-delà de la vision comptable, il faut regarder l’ensemble de l’offre de soins sur les territoires et la réalité de la réponse aux besoins de santé des populations : c’est à cette aune que les établissements de santé qui répondent à ces besoins doivent être soutenus, indépendamment de leur statut.
Nous ne pouvons qu’être en accord avec la volonté d’une mobilisation pleine et entière des ARS « en matière de régulation de l’offre de soins pour renforcer les coopérations entre secteurs », avec des objectifs de pertinence, de qualité et de sécurité des soins. Mais nous avons porté une proposition très concrète auprès du Gouvernement dans le cadre de la simplification : afin de leur permettre de remplir pleinement leurs missions, les ARS, qui jouent un rôle essentiel, doivent être affranchies de leur tutelle administrative et financière des établissements publics de santé, pour se recentrer sur la régulation, équilibrée et équitable, des différentes composantes de l’offre de soins sur leur territoire, et répondre ainsi aux enjeux d’efficience.
Enfin, nous sommes tous convaincus qu’il existe en effet des leviers pour améliorer « l’efficience » des soins et des parcours, favorisant l’amélioration des prises en charge tout en permettant des économies pour le système de santé. Nous travaillons sur le sujet, aux côtés de nombreux partenaires et dans de multiples cadres, avec là aussi des propositions très concrètes, sur les hospitalisations évitables, l’ambulatoire, l’hospitalisation à domicile… Nous souhaitons que cette ambition ne soit pas dégradée par des injonctions déconnectées de la réalité des soins, mais qu’elle prospère dans une véritable prise en compte de ce que proposent les acteurs de terrain, dans le cadre d’un vrai dialogue de gestion au sein d’un service public de santé inclusif de toutes ses forces vives.
Lamine Gharbi