La semaine dernière avait lieu à l’Assemblée Nationale un colloque destiné à restituer les conclusions du rapport de la mission d’information sur les urgences psychiatriques. Ce rapport dresse un état des lieux préoccupant de l’état de la psychiatrie dans notre pays : au-delà de la saturation des urgences, il dresse le constat de l’augmentation des besoins qui impose de trouver les réponses et les parcours adaptés. Dans une enquête Odoxa publiée le 5 février dernier, 62 % des Français disent avoir déjà été confrontés à un trouble de santé mentale au cours de leur vie.
La « Grande Cause » 2025 dédiée à la santé mentale, confortée par le Premier ministre, est donc une nécessité absolue de santé publique, sous réserve de disposer des moyens de ses ambitions. Elle doit, pour réussir, embarquer dans sa dynamique tous les acteurs concernés, publics, privés, associatifs… Parce qu’il touche une matière sensible, le sujet de la psychiatrie donne trop souvent lieu à des récupérations politiques ou à des grilles de lecture d’un dogmatisme archaïque : il faut se délester de tout cela pour être à la hauteur des enjeux.
Un rappel : représentant 30% de la psychiatrie en France, les cliniques privées apportent une contribution indispensable aux soins des populations. Elles s’efforcent d’être dans l’anticipation et « l’aller-vers », en prenant notamment une part croissante à la prise en charge des pathologies émergentes dans les territoires. Des enjeux majeurs se présentent à nous : le virage préventif en santé mentale, accompagné par des innovations technologiques et numériques qui modifieront le regard porté sur les pathologies mentales, participeront à faire tomber les tabous et seront porteurs d’espoir pour les patients et leurs familles.
Ces défis immenses ne seront relevés que par une coopération renforcée sur chaque territoire au service de l’amélioration de la santé mentale des Français, dont la dégradation est une réalité de santé publique alarmante depuis plusieurs années. Sur le sujet des urgences psychiatriques et du post-urgence dont il est question dans le rapport parlementaire, est-il besoin de dire que les cliniques privées, qui répondent aux besoins de prise en charge des patients dans les territoires, pourraient le faire davantage encore si les reconnaissances d’activité ad hoc leur étaient allouées par les Agences Régionales de Santé…
Cette Grande Cause est donc une véritable opportunité pour mettre tout le monde autour de la table, repenser les organisations et les parcours, et redéfinir sans a priori le rôle, la place et les missions de chacun.
Lamine Gharbi