Le monde de la santé déplorait déjà le manque de visibilité des ressources et de cap stratégique sur un enjeu pourtant prioritaire pour les Français. C’était sans compter la « motion d’irresponsabilité » votée hier, qui pousse à son paroxysme cette opacité et l’incertitude politique et budgétaire au détriment de l’intérêt du pays. Une chose est sûre, un enjeu aussi capital que la santé ne saurait se contenter longtemps d’une expédition des affaires courantes.
Quel que soit le scénario qui se dessine, et alors même que les interprétations des constitutionnalistes ne sont pas franchement alignées, le flottement doit être le plus bref possible : la situation financière alarmante des établissements de santé, ou encore les coups d’arrêt répétés à des dossiers pourtant structurants – tels que le protocole de pluriannualité – imposent le rétablissement rapide d’un pilotage politique à la hauteur des circonstances. Sauf à désespérer un peu plus encore les acteurs de santé…
Salle des Quatre-Colonnes hier, le Rapporteur général du budget de la Sécurité Sociale à l’Assemblée Nationale ne cachait pas sa préoccupation, lui qui a, aux côtés d’autres députés et sénateurs, porté dans l’hémicycle le soutien aux établissements de santé publics comme privés. Dans cette atmosphère délétère, la confiance devra être reconquise, en donnant d’entrée un ou plusieurs gages tangibles de cette confiance : notamment la restitution totale des crédits mis en réserve au titre du « coefficient prudentiel » pour 2024, demandée par toutes les fédérations hospitalières ; ou encore la juste reconnaissance des professionnels de santé de tous statuts.
Je voudrais saluer le panache républicain de Michel Barnier, qui a été fidèle ces derniers mois aux valeurs qui ont caractérisé l’ensemble de son parcours. Je me garderai aujourd’hui de toute spéculation, dans l’attente de la composition de la nouvelle équipe gouvernementale.
Par quelque facétie, l’actualité fait en tout cas coïncider ces turbulences politiques avec la publication du palmarès des établissements de santé du Point, que nous sommes heureux de retrouver. J’adresse toutes mes félicitations aux cliniques et hôpitaux privés ainsi distingués. Cette édition 2024 illustre combien, même dans la tourmente, nous savons collectivement faire preuve de résilience, d’esprit d’innovation, et disons-le avec fierté, d’excellence. A l’heure où certains ont pris le parti de miser sur le déclin de la France, souhaitons que nos futurs décideurs sachent reconnaitre et valoriser ce « tableau d’honneur » par de justes décisions et de courageux arbitrages.
Lamine Gharbi