Faux-semblants : c’est malheureusement l’impression qui prévaut lorsque l’on observe les décisions politiques récentes en santé. Derrière les déclarations d’intention et les motions adoptées, les actions concrètes se font attendre, laissant les acteurs de terrain face à des situations toujours plus difficiles.
Dernier exemple en date : le vote des députés en faveur d’un moratoire de trois ans pour éviter la fermeture de certaines maternités. Sur le papier, une mesure protectrice ; en réalité, un sursis qui ne répond ni à la question du taux de mortalité infantile, ni aux raisons profondes de ces fermetures : manque de gynécologue obstétricien et de sage-femme et donc sécurité des soins, situation financière déficitaire, baisse du nombre de naissances. Sans réponse structurelle, la crise des maternités reste entière.
La pratique des motions de rejet, de plus en plus fréquente, en dit long également sur cette méthodologie du renvoi permanent. Certains textes de loi sont ainsi écartés des débats en séance pour être renvoyés en commission mixte paritaire, comme si le dialogue parlementaire devait s’effacer devant les consensus de couloir. Cette fuite du débat, sous couvert de pragmatisme, fragilise encore un peu plus le système de santé.
Dans ce contexte, comment ne pas rappeler l’exemple de l’avenant 33, signé en février 2023, exigé par le ministère du travail et pour lequel l’État a mis deux ans à débloquer une enveloppe… notoirement insuffisante. Deux ans pour une mesure sociale essentielle ; deux ans pour un résultat qui ne répond toujours pas à l’ampleur des besoins des professionnels de santé et des patients.
Pourtant, nous ne manquons pas de matière pour agir : auditions, rapports, commissions d’enquête, contributions multiples des fédérations et des acteurs, publics et privés. Tout est là pour faire émerger une trajectoire nouvelle, à condition de le vouloir vraiment.
Ce que nous voyons aujourd’hui, c’est un jeu de faux-semblants. Des demi-actions, des demi-décisions. Mais la santé, elle, ne se satisfait pas de demi-mesures. Nous le redisons : il est temps de sortir des effets d’annonce et de prendre les décisions qui s’imposent, pour que les soignants puissent soigner et les patients être soignés.
Lamine Gharbi