Je considère ce rôle comme majeur, car nous devons, en responsabilité, être pleinement participatifs à la réflexion pour l’avenir du système. C’est ainsi que, FHP et adhérents, nous avions apporté notre contribution aux travaux du Sénat sur la financiarisation. Le rapport vient d’être publié.
Nous l’avions exprimé aux rapporteurs : ce qu’on appelle « financiarisation » se réfère pour notre secteur, à des investissements privés indispensables pour moderniser l’offre de soins, maintenir la présence territoriale et soutenir l’innovation médicale et technologique. Le rapport évoque d’ailleurs « un levier puissant de transformation de l’offre », « contribuant à faire émerger des acteurs susceptibles d’investir dans la modernisation et la réorganisation des installations de soins ». Il fait état de nos alertes, dans un contexte de décisions tarifaires délétères et d’absence de visibilité mettant en péril nos structures, sur le maintien de cette capacité à investir et à innover.
Le rapport contient des orientations que nous partageons, nécessaires pour parvenir à construire des équilibres territoriaux pérennes et renforcer l’accès aux soins. La première orientation tient à « une meilleure valorisation de la qualité et de la pertinence des soins », en lien avec les priorités de santé publique. Dans un contexte financier contraint, réinvestir les chantiers de la qualité et de la pertinence, délaissés ou dévoyés, et valoriser les acteurs les plus vertueux, est impératif.
La seconde orientation vise à renforcer ce que nous appelons au sein de la FHP la démocratie territoriale de santé : le rapport pointe en effet « la multiplicité des instances de coordination sur les territoires », qui paradoxalement ne répond pas aux besoins des acteurs, et notamment des élus locaux qui devraient être davantage et mieux associés.
Troisième axe, autour des autorisations : oui, il faut « mettre en adéquation » l’offre avec les besoins de la population et répondre ainsi aux enjeux de continuité et de permanence des soins ! Les rapporteurs appellent à des politiques « volontaristes » des Agences Régionales de Santé en incitant notamment aux coopérations entre le secteur public et le secteur privé. Or trop souvent, sur des territoires où le besoin est pourtant réel, les établissements de santé privés se voient refuser des autorisations – urgences, réanimations… – et sont bridés dans l’accomplissement de leurs missions.
A ces orientations s’ajoutent des considérations pertinentes sur les aspirations des jeunes professionnels dans un monde en mutation, et sur la nécessité de mieux les préparer à la diversité de leurs futurs modes d’exercice. Si l’on considère que moins de 1% des internes en médecine font leur stage dans une clinique privée, du fait de freins dogmatiques, on mesure le chemin à parcourir…
Ces diverses préconisations sont renforcées par le fait que le rapport évite le plus souvent l’écueil des caricatures, avec des Rapporteurs conscients que le sujet de la financiarisation « tend à véhiculer des représentations idéologiques et des a priori souvent péjoratifs ». Car le seul objectif qui vaille est celui de la complémentarité d’une offre plurielle, conciliant efficience pour le système et qualité pour le patient.
Lamine Gharbi