Ces dernières semaines, de nombreux rapports – HCAAM, MEDEF, CNAM… – dont je veux souligner la qualité, ont fait des propositions très concrètes pour améliorer drastiquement l’efficience de notre système de santé, et faire des économies substantielles tout en maintenant voire améliorant la qualité des prises en charge des patients. La FHP a été très contributrice à nombre de ces travaux, et d’ailleurs la qualité de nos notes et études est fréquemment saluée dans différents cénacles.
Notre Premier ministre vient de faire des annonces dans l’objectif de contenir la progression des dépenses de santé à hauteur de cinq milliards d’euros dès 2026. Si la nécessité de redresser les comptes sociaux est indéniable, le décalage entre les voies fructueuses qui mériteraient d’être prises et les orientations politiques finales nous laisse, à tout le moins, extrêmement perplexes.
Où sont les voies d’efficience qui pourtant font largement consensus parmi les acteurs de santé, autour des enjeux de qualité, de pertinence, d’évaluation des politiques publiques ou encore d’organisation de l’offre de soins ? Où sont les réformes structurelles dans tout cela ? Pourquoi ce choix de fragiliser notre modèle social, notamment vis-à-vis des patients, alors qu’on sait pertinemment que ces arbitrages court-termistes ne serviront pas à terme la santé publique… et donc risquent d’aggraver la dépense in fine.
Des trajectoires éparses sont posées sans qu’aucune distinction ne soit faite entre bonne et mauvaise dépense ni que gouvernance et pilotage ne soient aucunement remis en question. Nous savons pertinemment ce que signifie une « année blanche » pour les établissements de santé de tous statuts : une campagne tarifaire négative pour 2026. Un tel scénario est évidemment tout à fait inconcevable dans l’état actuel de fragilisation des établissements, et dans un contexte où les enjeux de réponse aux besoins de soins et d’accès aux soins sont cruciaux.
Je comprends que certaines mesures annoncées doivent être précisées. Alors que le PLFSS 2026 se profile, il est temps de construire, avec les acteurs de terrain, une vision plus réaliste des changement structurels à apporter à notre système de santé, et nous nous tenons à la disposition du Premier ministre et des ministres de la Santé pour ce faire.
Lamine Gharbi