Ce n’est pourtant pas faute d’avoir tiré vigoureusement la sonnette d’alarme, avec les autres Fédérations du public et du privé, sur les conséquences désastreuses de l’inflation sur la situation financière des hôpitaux comme les cliniques, et donc sur l’offre de soin dans notre pays. Pourtant, les montants annoncés à ce stade dans le PLFSS sont en total décalage avec les besoins, et dire que la couverture de l’inflation est insuffisante est un euphémisme…
A travers cette réalité, c’est l’ensemble de la dynamique d’investissement et d’innovation des établissements de santé qui est enrayée, et c’est évidemment très préoccupant, en premier lieu pour les patients. Nous avons mesuré l’impact rien que pour notre profession : Le pourcentage d’établissements déficitaires, qui est aujourd’hui de 32%, pourrait passer à 50 % dès le début de l’année prochaine si rien n’est fait. L’enjeu est double et majeur pour notre secteur : la prise en compte de l’inflation, et la nécessaire revalorisation des salaires de nos professionnels.
Nous sommes pleinement conscients de la nécessité de maitriser les dépenses publiques. Encore faut-il activer les bons leviers, et savoir poser une vision prospective : la santé est un investissement pour l’avenir, et privilégier aujourd’hui une approche d’économie sur la santé est un non-sens. Un non-sens à court terme, car notre système est déjà fragile, et imaginer des arrêts d’activité voire des fermetures d’établissements sur des territoires isolés ou dans des villes moyennes est une perspective intolérable. Et un non-sens à long terme, car miser sur l’innovation, la prévention, est la meilleure voie pour gagner en qualité et en efficience.
Il est donc fondamental de revoir rapidement la copie. Nos interlocuteurs institutionnels disent avoir conscience de l’impact extrêmement violent de l’inflation sur nos structures. Il n’est donc pas imaginable que les contours du PLFSS demeurent en l’état, et les mesures qui s’imposent doivent être prises en cohérence avec les paroles.
Lamine Gharbi