J-10 environ avant les arbitrages gouvernementaux sur les tarifs d’hospitalisation – en clair, les moyens donnés aux établissements de santé pour accomplir leurs missions… Chaque année, le marronnier de la « campagne tarifaire » met pendant des semaines voire des mois les fédérations hospitalières sous tension. Le principe même de cette logique annuelle, particulièrement énergivore alors que des sujets majeurs de santé publique requièrent la mobilisation de tous, interroge. Transposée au monde de l’entreprise, ce manque de visibilité de long terme paraitrait confondant…
Mais puisque nous sommes pour 2025 contraints de composer avec la donne existante, a fortiori dans une période complexe pour le budget de l’Etat, rappelons quelques fondamentaux. D’abord, la situation financière dégradée des établissements de santé : dans notre dernière étude économique, 45% des hôpitaux privés sont en déficit, ce qui est inédit.
Ensuite, l’ampleur des responsabilités qui nous incombent sur ce sujet d’une importance décisive pour les Français. Plusieurs études ont été publiées ces derniers jours, qui éclairent des données épidémiologiques ou de santé publique préoccupantes : l’une d’entre elles fait état d’un bond de 80% en moins de trente ans du nombre de nouveaux cas de cancer d’apparition précoce, survenant chez les moins de 50 ans. Un rapport de Santé Publique France montre que neuf Français sur 10 présentent des facteurs de risque cardiovasculaire, avec une augmentation de l’incidence du syndrome coronarien chez les femmes de moins de 65 ans.
Enfin, point déterminant, l’importance du respect de la parole donnée : j’ai confiance en nos ministres qui souhaitent s’inscrire dans l’esprit des engagements de l’Etat de mai 2024, fondés sur l’équité de reconnaissance entre secteur public et secteur privé : elle devra s’illustrer dans les tarifs prochainement publiés. Cette reconnaissance embarque aussi les professionnels de santé de notre secteur afin que notre accord social trouve une concrétisation rapide.
Nous l’avons redit hier lors d’une réunion ministérielle : sur un socle de confiance, nous sommes prêts ensemble à prendre des engagements concrets assortis d’indicateurs – formation, pertinence, efficience… – dans le cadre du futur Protocole de pluriannualité des ressources entre l’Etat et les fédérations, qui doit cesser d’être une arlésienne.
Lamine Gharbi