Le contexte politique actuel illustre l’importance de savoir mener des réformes avec la pédagogie appropriée. La méthode est aussi importante que le fond, car elle favorise ou non son appropriation. Nous pouvons en témoigner, tant le pilotage erratique des réformes de financement en santé a érodé au fil des années la confiance.
Le même raisonnement peut s’appliquer pour la vaccination, enjeu capital de santé publique, tant la moindre faille dans la confiance voit s’engouffrer la nébuleuse des antivax et leurs discours dangereux. Le sujet de la réintégration des soignants non vaccinés a pris des proportions inconsidérées parce que, des côtés extrêmes de l’échiquier politique, on a décidé d’en faire un cheval de bataille idéologique.
Or nous savons bien que seulement 0,3% des effectifs n’ont pas été vaccinés contre le Covid : la fin de l’obligation vaccinale concerne tellement peu de soignants qu’elle ne change rien aux pénuries de professionnels auxquelles les établissements de santé, publics comme privés, sont confrontés. Dans une situation aussi difficile, n’est-il pas plus judicieux de valoriser l’écrasante majorité des professionnels qui croient en l’importance de la vaccination, qui sont pétris d’un engagement moral « primum non nocere », et qui sont, chacune et chacun, des exemples pour les citoyens ?
Le ministre de la Santé vient d’annoncer la réintégration mi-mai. Nous en prenons acte. Mais il convient, sur ce sujet là également, de faire de la pédagogie, car l’avis de la Haute Autorité de Santé rendu en mars sur la levée de l’obligation vaccinale, ne doit pas être instrumentalisé à des fins de désinformation – c’est déjà le cas, du reste… Je veux redire que le vaccin contre le Covid, comme d’autres vaccins, reste fortement recommandé pour les professionnels de santé, notamment pour protéger les plus fragiles.
Ceux qui disqualifient la vaccination le font souvent pour ouvrir la voie à d’autres remises en question scientifiques, qui connaissent elles aussi un engouement alarmant via les réseaux sociaux. Pour ne pas leur laisser le champ libre, il est donc temps de renouer avec un véritable effort de pédagogie, une communication d’ampleur. Rappelons d’ailleurs – ce n’est sans doute pas superflu – que nous sommes en pleine campagne printanière de rappel sur la vaccination Covid, pour les plus de 80 ans et les plus fragiles d’entre nous…
La FHP a toujours été au rendez-vous sur ces enjeux de vaccination, et les établissements de santé privés pleinement contributeurs. Sur ce sujet-là comme sur d’autres, ne laissons pas se déliter « l’esprit Covid ».
Lamine Gharbi