20 septembre 2023
Édito de Lamine Gharbi (Président de la FHP) – Les clichés versus la vraie vie…
Pour générer le changement, il faut d’abord se débarrasser de ses oripeaux idéologiques et de ses représentations stéréotypées.

Pour générer le changement, il faut d’abord se débarrasser de ses oripeaux idéologiques et de ses représentations stéréotypées. A l’évidence, le collectif « Nos services publics » n’est pas passé par cette étape pour produire son récent rapport, qui aligne tous les clichés possibles sur le secteur privé de l’hospitalisation. Sur une antenne de radio, l’un de ses auteurs évoquait même une « fracturation de la société entre deux modèles », l’un paré de toutes les vertus et l’autre guidé par la seule rentabilité. Une vision binaire du monde, bien loin de la vraie vie…

 

La vraie vie, ce sont des cliniques et hôpitaux privés partout en France, des femmes et des hommes qui soignent neuf millions de patients par an. La vraie vie, ce sont les 130 services d’urgences privés qui accueillent trois millions de personnes, dans des conditions strictement similaires à celles du secteur public. La vraie vie, c’est un secteur dont 20% des patients sont bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire ou de l’aide médicale d’Etat, ce rôle d’accueil inconditionnel étant au fondement de toute mission de service public.

Opposer le public et le privé procède d’une vision dépassée, et surtout peu fructueuse pour le pays. Seules la complémentarité et l’union des secteurs « ensemble » permettent de répondre aux besoins de santé des Français. 

Se complaire dans la certitude d’être les meilleurs n’est pas une façon judicieuse de faire progresser le service au public dans notre pays. Je suis pour ma part tout à fait lucide sur ce que nous pouvons toujours améliorer au bénéfice des patients, et avec eux. En revanche, le rapport du Collectif ne sonde jamais les raisons profondes des dysfonctionnements de nos services publics ; il préfère en rejeter la culpabilité sur d’autres acteurs au lieu de proposer des solutions, la même logique étant appliquée à l’Education, à la Justice…

Surtout, il s’enferme dans une vision étriquée et manichéenne du service public, centrée sur l’offre, sans s’interroger sur les voies pour mieux répondre à la demande, et sur l’importance des missions partagées au service du bien commun.

A la suite de ce rapport, que j’ai qualifié « d’offensant » sur les ondes, j’ai eu beaucoup de réactions de soignants du privé, qui savent bien, eux, qu’ils soignent les mêmes patients, et qui sont usés par le manque de reconnaissance. Dans le contexte actuel, qui est compliqué car l’équité salariale n’est pas au rendez-vous, ils n’ont pas besoin de propos à charge et non étayés, mais de soutien et de confiance.

*

Je me réjouis de vous retrouver demain et vendredi à Bordeaux, aux Rencontres de la FHP. Merci aux adhérentes et adhérents pour leur mobilisation, ainsi qu’à notre cinquantaine d’intervenants, et aux deux ministres Aurélien Rousseau et Agnès Firmin le Bodo pour leur présence !

 

Lamine Gharbi

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