Après une année 2023 très difficile, sans soutien significatif face aux effets délétères de l’inflation, ce choix délibérément punitif à l’égard des cliniques et hôpitaux privés interroge : pourquoi sommes-nous punis ? Pour nos excellents résultats sur la qualité des soins ? Pour le rattrapage des soins retardés par le Covid, pour lequel nous avons été particulièrement engagés ? Pour notre soutien et notre coopération en appui de l’hôpital public quand celui-ci est dépassé ?
J’ai dit que c’était une faute politique, et je le maintiens. Imaginer que mettre la tête sous l’eau à l’hôpital privé redonnera de l’oxygène à l’hôpital public est un leurre, et personne ne peut y croire avec un soupçon d’honnêteté intellectuelle. Cela fait près de dix ans que l’État verrouille les créations de services d’urgence et de réanimation dans le privé, et si la situation en était meilleure, cela se saurait… La résurgence d’une approche dogmatique, à rebours du pragmatisme et de l’efficacité auxquels l’état peu enviable de notre système de santé nous convoque, est donc sidérante.
Pire, elle conduit fatalement à l’échec d’une politique, et dans le contexte actuel et pour toutes sortes de raisons, personne ne le souhaite, moi moins que quiconque. Pourtant, avec plus de 50% d’établissements de santé privés en déficit dans les prévisions 2024, alors que nous représentons 35% de l’activité hospitalière et que nous sommes présents sur l’ensemble du territoire national, comment allons-nous parvenir à accomplir nos missions de soins ? Un fait est certain, le « coût » pour la santé des Français de la décision prise mardi par le Gouvernement risque d’être élevé.
Lamine Gharbi