Chacun connait l’adage : l’erreur est humaine, persévérer dans l’erreur est diabolique. Je ne fais pas ici référence à la situation politique (quoique), mais aux radiations de la « liste en sus ». Derrière cette terminologie complexe et inconnue du grand public, il y a un enjeu majeur d’innovation thérapeutique et d’égal accès aux soins pour les patients, car cette liste en sus permet d’assurer le financement de médicaments et de dispositifs médicaux onéreux.
En juillet 2023, nous avions pris part à l’Assemblée Nationale à une vaste table-ronde sur le financement de ces dispositifs médicaux innovants, réunissant les fédérations, les industriels, les sociétés savantes, en présence de la DSS et la DGOS. Nous avons ensemble tiré le signal d’alarme sur les radiations, effectives depuis le mois de mars précédent, notamment en cardiologie, et déploré des arbitrages pris sans concertation, purement comptables, sans fondement médical… et donc lourds d’impact pour les patients.
Deux ans après, un scénario identique, voire plus délétère encore, se profile, avec la menace de radiations pour huit catégories de dispositifs médicaux – endoprothèses, stents carotidiens… – et neuf catégories de médicaments. Toujours sans préavis ni concertation, et au mépris de la parole donnée puisqu’un moratoire sur toute nouvelle radiation avec été décidée avec les pouvoirs publics dans l’attente de l’ouverture d’un dialogue sur ce sujet, fondé sur une vraie méthodologie de travail et d’un calendrier réaliste.
Il n’est pas supportable que la seule logique comptable freine la diffusion de l’innovation et l’accès aux traitements de pointe dans les établissements de santé. Toutes les fédérations sont unies autour de ce message : oui, la liste en sus doit être dynamique (avec des radiations permettant de nouvelles inscriptions), sous réserve d’une juste réintégration dans les tarifs de séjours et d’une gouvernance partagée, fondée sur une vision pluriannuelle de la liste en sus qui priorise l’innovation et l’accès aux soins.
Le traitement de ce dossier est plus largement emblématique d’une défaillance grave de la méthode pour réformer la santé : absence de concertation et de dialogue, défaut d’études d’impact, mise devant le fait accompli de décisions préjudiciables pour les acteurs de santé comme pour les patients. Il est temps que cela change.
Lamine Gharbi