12 juin 2025
Édito de Lamine Gharbi (Président de la FHP) – « Politique de santé » recherche « vision stratégique »
Les semaines passent, les débats se succèdent dans l’hémicycle, les missions s’accumulent sur l’organisation du système de santé et l’accès aux soins.

Les semaines passent, les débats se succèdent dans l’hémicycle, les missions s’accumulent sur l’organisation du système de santé et l’accès aux soins. Les sondages confirment mois après mois la préoccupation des Françaises et des Français face à la pénurie des professionnels de santé et aux déserts médicaux qu’ils vivent au quotidien.

L’enjeu multifactoriel de l’accès aux soins, particulièrement dans les territoires à faible densité, exige une politique de santé pensée à moyen et long terme. Faut-il rappeler que la stratégie nationale de santé 2023-2033 n’a toujours pas été publiée ? La fixation d’un cap, d’objectifs et de moyens est pourtant essentielle.

Les acteurs du système de santé appellent à une stratégie pluriannuelle, cohérente, concertée et ambitieuse. Car comment garantir le droit à la santé et l’accès aux soins partout sur le territoire, quand les mesures mises en place paraissent parfois dispersées, superposées plus qu’intégrées, et peinent ainsi à atteindre leurs objectifs ?

La nouvelle convention médicale et le pacte contre les déserts médicaux présenté par le Premier ministre en sont une illustration. Les mesures ne peuvent s’additionner sans s’inscrire dans une vision stratégique cohérente et de long terme. À défaut, certaines d’entre elles risquent de manquer leur cible.

Un exemple concret : dans le cadre de la nouvelle convention médicale, la CNAM a reconduit les grands principes de l’OPTAM et de l’OPTAM-ACO, dispositifs visant à encourager la modération tarifaire des médecins en contrepartie d’un accompagnement spécifique. Mais la méthode retenue pour réévaluer les taux de dépassement est inacceptable : elle balaie les engagements antérieurs des praticiens les plus respectueux en abaissant brutalement les seuils autorisés. Une telle approche ne sanctionne pas les abus mais fragilise ceux qui ont fait l’effort de la modération. Le résultat sera à l’inverse de l’effet escompté ; les médecins, qui avaient choisi d’adhérer à l’OPTAM pour garantir l’accès aux soins, risquent de sortir d’un dispositif injuste augmentant par la même le reste à charge des patients.

Moult tentatives de réformes ont démontré qu’il était vain de bâtir quoi que ce soit sans l’adhésion des principaux intéressés. Toute logique de régulation coercitive est vaine. Elle constituera aussi un frein pour la permanence des soins (PDSES), qui repose sur la participation volontaire des praticiens et la cohérence des organisations locales.

La Cour des comptes et dernièrement le think tank Terra Nova posent le même constat et la même recommandation : il convient d’éviter l’accumulation de mesures contradictoires, il faut miser sur une vision de long terme, et, surtout, recréer un climat de confiance qui permette à tous les acteurs de santé d’œuvrer dans la même direction.

Au fond, c’est la seule voie réaliste. Bâtissons ensemble une politique de santé pluriannuelle, avec des objectifs clairs et partagés, et redonnons confiance aux Françaises et aux Français en leur système de santé. Nous sommes prêts, en tant qu’acteurs responsables, à coconstruire cette vision stratégique, maintenant.

 

Lamine Gharbi

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