18 juillet 2024
Édito de Lamine Gharbi (Président de la FHP) – Pour un pacte législatif en santé !
IGAS, Cour des Comptes, Assurance maladie... : les avis et les rapports pleuvent en ce début d’été, entre alerte sur la persistance de déficits massifs de la Sécurité sociale et propositions de maitrise des dépenses de santé par l’amélioration de l’efficience et de la pertinence des soins.

Rappelons que le prochain Projet de Loi de la Sécurité Sociale devrait être présenté en Conseil des ministres le 26 septembre – soit « demain » compte tenu de l’importance du sujet – dans un contexte politique qui rend incertaines les conditions de son examen.

Pendant ce temps, les enjeux de santé ne sont pas véritablement centraux – et c’est un euphémisme – dans les différents pactes, programmes et plateformes politiques qui fleurissent pour tenter de coaliser les forces politiques à l’Assemblée Nationale. Du reste, les deux campagnes électorales successives, européennes et législatives anticipées, n’avaient pas non plus été très prolifiques en idées structurantes pour le système de santé, hormis la sempiternelle querelle autour des conditions d’installation des médecins. Un certaine lassitude s’empare donc du monde de la santé, contraint de remettre sans cesse sur la table ses inquiétudes croissantes et ses attentes impérieuses.

Pourtant, s’il y a un sujet qui devrait être capable de réunir les forces républicaines, c’est bien la santé ! En voilà une clé de voûte qui, « de Juvin à Ruffin », pour reprendre l’amusante expression de Clément Beaune, pourrait faire émerger des éléments de cohésion et de consensus, a fortiori sur l’un des sujets les plus importants pour les Français.

Tout le monde peut être d’accord sur la nécessité de remédier urgemment aux pénuries de professionnels de santé par un grand plan autour de l’emploi, de la formation et de l’attractivité des métiers. Un été compliqué s’annonce encore dans les urgences en France, et comme d’habitude le privé prendra toute sa part, mais on ne peut continuer à aller comme cela de crise de crise sans mesures structurelles.

Tout le monde peut être d’accord pour qu’on dispose enfin dans le domaine de la santé, d’une vision stratégique sur plusieurs années, alors que l’annualité en vigueur est orthogonale avec les grands défis – prévention, innovation, « une seule santé »… –   qui requièrent un cap ambitieux. Le Protocole de pluriannualité entre l’Etat et les fédérations hospitalières, qui renait enfin de ses cendres, est exemplaire de cet esprit.

Tout le monde peut être d’accord enfin, sur le fait qu’il faut réinvestir au plus vite les enjeux de qualité et de pertinence des soins, au bénéfice des patients tout d’abord, et ensuite pour répondre aux priorités d’efficience imposées par un contexte budgétaire plus que tendu.

Pour réussir, ce Pacte doit s’inscrire dans un cadre de démocratie en santé : dans un tel cadre, les acteurs de santé n’apprennent pas les nouvelles sur les sujets qui les concernent une fois qu’elles sont gravées dans le marbre, mais les arbitrages sont issus d’un dialogue en confiance, en transparence et en responsabilité. Dans ce cadre également, chacun est reconnu, sans qu’un voile d’idéologie ne vienne masquer la réalité, au titre des missions qu’il accomplit, et cette considération équitablement distribuée est la meilleure des garanties pour améliorer l’offre et l’accès aux soins des citoyens.

Alors, puisque les circonstances exigent de trouver des terrains d’entente, et quelques semaines avant l’examen du PLFSS, nous invitons les député.e.s à poser avec les acteurs de santé les termes de ce Pacte législatif en santé, qui donnerait le cap dans la brume.

Lamine Gharbi

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