Captifs tout à fait consentants du chef d’orchestre Guy Vallancien, nous réussissons le plus souvent, au-delà de nos diversités d’horizons, à nous accorder autour des grandes priorités pour transformer demain notre système de santé. Et nous revenons de CHAM avec le souhait que ces réflexions communes – dédiées aux enjeux de qualité et de pertinence pour cette édition 2O23 – irriguent pleinement l’action publique.
Le temps fort de CHAM a été le long entretien accordé par le ministre de la Santé, qui a largement fait référence à notre profession et fait l’éloge des coopérations. Déjà, lors de nos Rencontres des 21 et 22 septembre, les mots avaient été forts : « On ne me trouvera jamais du côté du clivage », avait dit Aurélien Rousseau. « Je suis d’abord le ministre de l’offre de santé publique. Dans cette offre, il y a l’hôpital public, l’hôpital privé, et la médecine de ville. Donc je suis fier d’être aussi le ministre de l’hospitalisation privée. »
A CHAM, Aurélien Rousseau est allé un peu plus loin, en affirmant sa volonté de défendre « de manière acharnée » l’équité. Surtout, il a fait sienne une conviction qui, pour l’hospitalisation privée, est une pierre angulaire : la nécessité « d’intégrer le public et le privé dans un cadre de service public de santé. ». Fort de cette conviction, nous souhaitons que ce service public de santé cesse de n’être qu’un concept plébiscité, pour devenir une réalité tangible, qui nous rassemble et réponde aux attentes des patients et des territoires.
Comme la défense « acharnée » de l’équité suppose des preuves, le ministre est allé encore plus loin à CHAM. A notre Congrès, il avait reconnu que sans doute, avaient été « sous-estimés l’impact financier mais aussi l’impact symbolique » de l’exclusion du privé des indemnités de sujétion de nuit, avec cette phrase : « vos professionnels qui travaillent la nuit font le même boulot que ceux de l’hôpital public qui travaillent la nuit ! ». A CHAM, il a pris l’engagement de « rattraper l’erreur du mauvais signal envoyé sur les sujétions de nuit. »
Bien d’autres choses ont été dites : l’engagement de « se remettre autour de la table » pour construire le Protocole de pluriannualité ; la reconnaissance que notre accord classifications-rémunérations est une « commande de l’Etat » et que cela vaut « discussion » sur la solvabilité de cette demande ; ou encore une vision équilibrée de la T2A, « ni grand méchant loup ni solution miracle ».
Bien sûr, subsistent de nombreux sujets de vigilance voire de grande préoccupation, le premier étant un PLFSS en apesanteur des impacts catastrophiques de l’inflation sur les hôpitaux et les cliniques. Nous attendons une mesure forte à la hauteur des enjeux. Les réformes de financement de soins médicaux et de réadaptation, et de psychiatrie, doivent renouer d’urgence avec la robustesse, la stabilité et la confiance. Et sur l’équité de traitement entre professionnels du secteur public et du secteur privé, celle-ci ne doit pas être conjoncturelle, mais systématique, car ils accomplissent les mêmes missions.
Comme l’a dit le ministre, « l’équité est un sport de combat », nous le savons bien à la FHP, mais si nous sommes, acteurs de santé et puissance publique, unis et convergents dans ce combat, ce sera avant tout pour le bien des patients et du système !
Lamine Gharbi