7 septembre 2023
Édito de Lamine Gharbi (Président de la FHP) – Que reste-t-il de « l’esprit Covid » ?
Que reste-t-il de « l’esprit Covid » ? C’est ce qu’on est légitimement en droit de se demander au vu des récentes annonces de la Première ministre.

Vous vous en souvenez, pendant la crise sanitaire, les établissements de tous statuts avaient tissé des coopérations étroites pour faire face, ensemble, à la pandémie et soigner au mieux les populations. En cela, ils avaient répondu aux attentes des pouvoirs publics, qui à juste titre appellent régulièrement de leurs vœux de telles collaborations. Logiquement, le « Ségur de la Santé » avait porté une considération plutôt équilibrée de l’ensemble des contributeurs, qu’ils soient publics ou privés.

Après la crise sanitaire, cela n’a pas été un long fleuve tranquille pour autant. Il s’est avéré indispensable de faire perdurer cet esprit d’unité au fil des tensions saisonnières et des soubresauts, de moins en moins conjoncturels, révélateurs des failles de notre système. Les hôpitaux et cliniques privés ont continué à jouer pleinement le jeu, parce que telle est, tout simplement, notre mission, et que leurs professionnels de santé, infirmier.e.s, aides-soignant.e.s… sont pleinement engagés.

Ce sont des femmes et des hommes qui soignent et prennent soin, dans des conditions parfois difficiles au regard des pénuries de ressources humaines ; qui, comme à l’hôpital public, sont susceptibles de travailler la nuit, le week-end, les jours fériés ; qui subissent, eux aussi, l’érosion de leur pouvoir d’achat. Et pourtant, alors même que l’on parle d’améliorer l’attractivité des métiers de la santé, les mesures de revalorisation salariale présentées par Elisabeth Borne le 31 août dernier ne leur sont pas destinées…

Je ne suis pas sûr que les citoyens soient bien conscients de cela : en effet, comment comprendraient-ils que celles et ceux qui les soignent soient moins bien traités en fonction de leur lieu d’exercice, eux qui – les études d’opinion le montrent bien – ne se préoccupent guère du statut, public ou privé, mais aspirent seulement à être pris en charge de la meilleure façon possible ?

Une chose est certaine : quelle que soit la bonne volonté des acteurs (et notre Fédération est toujours constructive), ce genre de signal est délétère, qui plus est à un moment où les pouvoirs publics appellent à un engagement de tous autour de la permanence des soins. Notre système de santé a besoin pour mieux fonctionner d’une harmonisation des conditions salariales de l’ensemble des soignants.

Le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale qui arrive bientôt en discussion porte la responsabilité de rétablir des éléments d’équité pour renforcer l’unité du système de santé ; de ne pas être qu’un énième exercice comptable, ou pire un plan d’économie, mais de témoigner d’une compréhension fine des difficultés du système de santé et des besoins des professionnels, en y apportant les réponses justes ; en bref, de ne surtout pas être aux yeux des acteurs une occasion manquée, mais une véritable avancée pour le système de santé. 

Lamine Gharbi

Vous serez peut-etre intéressé aussi par…

Édito de Lamine Gharbi (Président de la FHP) – Des soutiens, de toutes parts

Une étude d’opinion publiée en avril dans le journal La Tribune* s’avère être riche d’enseignements, d’autant plus à l’aune des décisions politiques récentes sur les tarifs des établissements de santé, mettant en péril l’offre de soins. La santé y apparait en effet comme le deuxième sujet de préoccupation des Français, au coude à coude avec le pouvoir d’achat.

lire plus

Édito de Lamine Gharbi (Président de la FHP) – « Shaker » et potion amère

Nous voyons apparaitre dans les médias les mêmes « éléments de langage » pour tenter de justifier la campagne tarifaire 2024 qui a considérablement pénalisé l’hospitalisation privée. S’il a été jugé opportun de faire des « EDL », selon la formule consacrée, c’est bien parce qu’il est complexe de donner une légitimité politique à des décisions fondées sur l’arbitraire bien plus que sur la rationalité.

lire plus

Édito de Lamine Gharbi (Président de la FHP) – Déficit de l’hôpital public, un avis qui alerte

C’est un avis peu amène que vient de rendre public le Comité d’alerte sur l’évolution des dépenses d’assurance maladie. Il prend un sens particulier à l’aune de la mobilisation actuelle des acteurs de l’hospitalisation privée contre le traitement discriminatoire dont ils sont la cible. Le Comité y exprime en effet sa préoccupation majeure quant à l’aggravation du déficit des hôpitaux publics, « un point de fuite de l’Ondam qui s’élargit » en dépit de la hausse des dotations versées.

lire plus
Share This