5 décembre 2025
Édito de Lamine Gharbi (Président de la FHP) – Tout et son contraire
L’action publique est parfois faite d’injonctions contradictoires et l’enjeu majeur de la formation et de l’attractivité des métiers de la santé en est l’illustration.

L’action publique est parfois faite d’injonctions contradictoires et l’enjeu majeur de la formation et de l’attractivité des métiers de la santé en est l’illustration.

Prenons la Charte d’engagements « Prendre soin » signée par la ministre de la Santé en collaboration avec France Travail et l’ensemble des acteurs du secteur. Elle vise à former, recruter et fidéliser un million de professionnels des métiers du soin et de l’accompagnement d’ici 2030, à travers une vaste mobilisation pour faciliter l’orientation, la valorisation et le recrutement dans les filières professionnelles de la santé, du social, du handicap, du grand âge et de la petite enfance. 

La démarche, qui mêle outils de promotion des métiers et outils de prévention, est tout à fait dans la ligne de ce que la FHP appelle de ses vœux depuis longtemps : une véritable mise en lumière des métiers de la santé et du soin, tant les pénuries sont réelles et tant ces carrières peuvent être porteuses d’opportunités pour les jeunes générations. Notre événement FHP « Ma clinique est fantastique » qui a lieu cette semaine dans plus de 110 cliniques s’inscrit dans cet esprit puisqu’elle vise à faire découvrir, en particulier aux jeunes, la diversité des métiers du soin.

Malheureusement, les orientations politiques du moment s’inscrivent en contradiction forte avec l’affichage louable de la Charte d’engagements, que ce soit en matière de formation, d’apprentissage ou d’évolution professionnelle des soignants.

L’opérateur de compétences de la Santé (OPCO), dont nous relevons et qui accompagne la formation professionnelle de plus d’un million de salariés dans ce secteur, finance jusqu’à 20 % des promotions de diplômes d’État nécessaires pour former des aides-soignants ou des infirmiers par exemple. Ce rôle majeur, alors que des dizaines de milliers de postes sont encore vacants dans ces professions d’intérêt public, est aujourd’hui menacé par des perspectives budgétaires 2026 inquiétantes sur les OPCO. Le durcissement des règles de financement de l’apprentissage dans notre secteur ou la diminution drastique des niveaux de prise en charge pour les périodes de reconversion en témoignent.

En bref, l’OPCO Santé ne serait plus en mesure de financer de l’ordre de 7 500 à 10 000 parcours vers des métiers en tension – aides-soignants, infirmiers… – sur la période triennale à venir, alors que les besoins à pourvoir restent une priorité pour le secteur de la santé ! Il n’est pas possible d’afficher une dynamique de formation et de recrutement qui dans les faits est paralysée par des coupes sombres sur des enjeux aussi essentiels.

Le mécontentement s’exprime de toutes parts : tout récemment, les représentantes des Régions au Conseil d’administration de France Compétences ont claqué la porte pour illustrer la colère des collectivités territoriales face à la réduction drastique de leurs moyens consacrés à la formation professionnelle et à l’apprentissage. Il est urgent de réintroduire de la cohérence dans ces arbitrages dont dépend l’avenir de notre santé, pour bâtir la société du soin de demain.

Lamine Gharbi

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