Face aux difficultés de notre système de santé, « on ne peut pas se permettre des frottements entre public et privé » ni « se regarder en chiens de faïence ». C’est une question de « responsabilité territoriale », et les tensions imposent « d’inventer des solutions qui passent par le dialogue et la coopération ».
A ce titre, le nouveau ministre de la Santé a tenu à saluer ce que les acteurs publics et privés construisent dans le Gard, en se prêtant main forte quand la situation le requiert. Dans une interview à la presse locale, il a aussi clairement exprimé sa vision de la complémentarité des acteurs, et son refus de toute vision dogmatique fondée sur le statut : « Vous ne m’entendrez pas stigmatiser les établissements de santé privés », a-t-il affirmé, car « ils sont au rendez-vous de l’accompagnement des malades, partout en France ».
Je veux saluer ces propos, qui témoignent d’une reconnaissance réelle des missions accomplies par les hôpitaux et cliniques privés, et augurent d’une volonté de décisions politiques fondées sur l’équité de traitement. Le Projet de loi de financement de la Sécurité Sociale, qui arrivera bientôt en discussion, devra notamment être garant d’une égale considération envers l’engagement de tous les professionnels, du public comme du privé, car la réponse aux besoins de santé des Françaises et des Français passe par la mobilisation de l’ensemble de la communauté soignante.
« On doit sortir de l’idée qu’on met des rustines », a ajouté le ministre. Ce n’est pas qu’une petite phrase, car Aurélien Rousseau a raison. Telle est en effet aujourd’hui la perception dominante des acteurs de santé comme des citoyens : des politiques de santé à courte vue, sans vision et manquant d’ambition, où l’on colmate de plus en plus difficilement les brèches ; portées par une vision comptable, et non pas guidées par de grandes priorités de santé publique. Là aussi, le cap politique doit s’inscrire en rupture, en privilégiant la visibilité pluriannuelle, en redonnant confiance dans les réformes, et en créant les conditions d’une pleine mobilisation sur les territoires.
Enfin, il y a le sujet crucial des pénuries d’effectifs au sein des établissements, et des voies pour davantage former, recruter, fidéliser les professionnels et renforcer l’attractivité des métiers de la santé. Pour Aurélien Rousseau, « la dégringolade commence toujours par la perte de ressources humaines » : il y a donc urgence. Notre Fédération ne ménage pas ses efforts sur ces enjeux, en sollicitant notamment avec détermination les financements indispensables à la pleine effectivité de notre accord de branche, dont les avancées sociales en matière d’attractivité pour les 250 000 salariés des trois secteurs (FHP, Synerpa, CNeth) sont significatives.
En cette rentrée, les sujets à l’agenda sont très nombreux : PLFSS bien sûr, proposition de loi dite « Valletoux », réformes de financement, soutien face à l’inflation, continuité et accessibilité des soins, prévention, résurgence du Covid… Nous l’abordons avec lucidité et conscience des écueils, mais aussi avec confiance et même enthousiasme, car il n’y a pas plus gratifiant que d’être, comme l’a exprimé le ministre, au rendez-vous de la santé et du soin.
Et bien sûr, nous mettrons tous ces sujets à l’ordre du jour de notre grand événement annuel, nos « Rencontres 2023 », à Bordeaux les 21 et 22 septembre : nous vous y espérons et attendons, nombreuses et nombreux !
Lamine Gharbi