Bien sûr, je n’ai rien oublié des moments vécus pendant la crise sanitaire, où, directeur de l’agence régionale de santé d’Ile-de-France, il avait su réunir les acteurs de tous statuts pour combattre le Covid. Devenu ministre, il est resté fidèle à l’idée que « le système de santé n’a jamais été aussi fort que lorsque ses acteurs ont su travailler ensemble ». Lors de l’un de ses premiers déplacements, dans le Gard, son département d’origine et de cœur, il avait exprimé l’importance de la complémentarité des acteurs, et son refus de toute vision dogmatique fondée sur le statut : « Vous ne m’entendrez pas stigmatiser les établissements de santé privés », avait-il affirmé, car « ils sont au rendez-vous de l’accompagnement des malades, partout en France ».
Avec son départ, les enjeux majeurs de reconnaissance pleine et entière de notre profession et de sa part dans l’offre de soin, restent clairement au milieu du gué. Reconnaissance de l’étau qui enserre les établissements de santé à cause de l’inflation ; reconnaissance des missions du privé au sein d’un grand service public de santé ; et enfin reconnaissance de nos professionnels de santé, injustement traités par rapport à leurs collègues du secteur public.
J’ai beaucoup d’estime pour Agnès Firmin le Bodo qui, apprend-on à cette heure, doit assurer « l’intérim », pour reprendre les termes d’Olivier Véran. Nous avons travaillé depuis plusieurs mois à ses côtés sur des enjeux tels que la transition écologique du système de santé, la santé des soignants, ou encore le défi capital de l’attractivité des métiers du soin. Je sais sa détermination et sa connaissance fine des enjeux. Je resterai fidèle à notre esprit constructif, tout en ne cédant rien, dans ces temps difficiles, sur une reconnaissance légitime des établissements et des professionnels du privé, qui ne peut être plus longtemps différée.
Lamine Gharbi