Dans ce contexte, l’aide exceptionnelle annoncée par le Gouvernement est en décalage avéré avec la réalité des besoins, et notre secteur n’y émargerait qu’à hauteur de 15%, alors même que nous réalisons 35% de l’activité hospitalière ! De surcroît, notre exclusion de la restitution de la sous-exécution de l’Ondam révèle le parti-pris délétère de financer les activités non réalisées, au détriment de la reprise d’activité indispensable au soin des patients.
La campagne tarifaire et budgétaire qui se profile est donc déterminante pour la viabilité de l’offre de soins. Lors d’une conférence de presse ce matin, notre message a été clair, sur un besoin pour notre profession de 10 points de tarif pour être à la hauteur de la réponse aux besoins de santé. Il n’est plus possible que la valse des rustines et le spectre du rabot tiennent plus longtemps lieu de ligne d’action.
Nous attendons donc de nos nouveaux ministres qu’ils défendent toute l’offre de soin et qu’ils prennent des décisions courageuses. A court terme, en portant une campagne tarifaire ambitieuse ; au-delà, en repensant le modèle de financement, qui actuellement favorise la non-activité alors que la priorité est le soin ; et en menant des réformes structurelles adossées à une vision pluriannuelle, à travers une loi de programmation en santé destinée à voir loin et à bâtir des stratégies solides sur des bases sincères. Avec la logique d’annualité, nous perdons – acteurs de santé comme puissance publique – un temps précieux, qui serait infiniment mieux employé à travailler sur les priorités stratégiques : prévention, innovation, accès aux soins pour tous…
Le défaut chronique de visibilité sur les ressources comme sur la stratégie amène à une crise de confiance qui se traduit par des postures défensives. Cela n’a jamais été notre état d’esprit, mais nous attendons à présent des signes forts fondés sur la reconnaissance de chacun à la mesure de sa contribution, et nous l’exprimerons au ministre Frédéric Valletoux que nous rencontrons demain.
Lamine Gharbi