4 avril 2024
Édito de Lamine Gharbi (Président de la FHP) – Une grève pour sauver l’offre de soins
Cela n’est jamais une décision facile à prendre, mais c’est la seule à la hauteur de la gravité de la situation : la Fédération de l’Hospitalisation Privée a décidé, en lien avec l’ensemble des syndicats de médecins libéraux, d’annoncer une grève totale au sein de ses 1030 établissements à compter du 3 juin.

Cela n’est jamais une décision facile à prendre, mais c’est la seule à la hauteur de la gravité de la situation : la Fédération de l’Hospitalisation Privée a décidé, en lien avec l’ensemble des syndicats de médecins libéraux, d’annoncer une grève totale au sein de ses 1030 établissements à compter du 3 juin, exception faite des activités vitales.

L’annonce par le ministre de la Santé Frédéric Valletoux de financements quatorze fois supérieurs pour le secteur public par rapport au secteur privé, a créé un choc profond, entre sidération et indignation. Pour les médecins libéraux, à travers cette « déclaration de guerre », « c’est la médecine libérale qui est menacée dans son existence même, au travers de la déstabilisation orchestrée de l’hospitalisation privée ».

Dans une tribune intitulée « Le système de santé français au bord du gouffre », 160 parlementaires – députés, sénateurs, députés européens – ont souhaité pousser un cri d’alarme, évoquant « une croisade contre l’hospitalisation privée » : « continuer d’opposer les acteurs comme le fait le Gouvernement, c’est l’assurance de créer les conditions d’une perte de chance pour de nombreux Français et un appauvrissement chronique de l’offre de soins », ajoutent-ils. A l’Assemblée Nationale comme au Sénat, les débats ont aussi relayé les préoccupations des élus de la Nation, évoquant « des arbitrages financiers mettant en grand danger les établissements privés » et « un Gouvernement qui oppose public et privé alors qu’ils devraient travailler en complémentarité ».

On le voit, l’émotion est à la mesure de l’outrage, et de la mise en péril de nos établissements qui compromet l’accès aux soins pour les patients. Dans ces conditions, nous aurons en effet 60% des hôpitaux privés en déficit en 2024. Il est également inacceptable de ne pas accorder les financements nécessaires à l’augmentation des salaires dans le secteur privé : l’injustice est criante envers les professionnels de santé, infirmiers, aides-soignants… exerçant chez nous. 

Notre Fédération a toujours été très constructive. Aujourd’hui, la coupe est pleine, et nous avons décidé de limiter nos interactions avec le ministère de la Santé et les Agences Régionales de Santé aux seuls échanges indispensables. Par ailleurs, nous déposerons toutes les formes de recours juridiques possibles pour rétablir l’équité.

Notre détermination est totale. Je veux que notre profession, qui joue un rôle majeur pour la santé des Françaises et des Français, à travers tout le pays, cesse d’être méprisée voire humiliée. Je veux, pour nos patients et nos professionnels, une reconnaissance pleine et entière, et une impartialité dans les arbitrages. Nous n’aurons de cesse que de les obtenir.

                                                                                                                         Lamine Gharbi

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