Le sujet de la santé n’est d’ailleurs pas absent des débats, autour de la mesure de l’espérance de vie en bonne santé, corrélée à l’âge de départ à la retraite… Les observateurs, eux, tenteront d’évaluer les chances de réussite de la réforme, dans un pays particulièrement éruptif, et surtout très pessimiste.
Le politologue Brice Teinturier présentait lundi les résultats saisissants d’une enquête d’opinion IPSOS : 75% des Françaises et des Français croient au déclin du pays, 50% sont mécontents (voire « en colère » pour 36%) et 6% seulement se disent « apaisés ». Dans un tel contexte, toute parole politique tendant à dire que « non, ce n’était pas mieux avant », et que « oui, il y a eu des améliorations sur tel sujet », est suspectée de déconnection et invalidée d’emblée. D’où l’inhibition extrême de nos décideurs en la matière, qui contribue à entretenir un climat de sinistrose peu propice à avancer… et favorise les populismes.
A la FHP, nous ne sommes pas des collapsologues : notre meilleur carburant au quotidien, c’est l’engagement des professionnel.le.s œuvrant au sein des établissements de santé, au service des patients. Il nous pousse à l’action constructive, sans pour autant nier les immenses difficultés auxquelles nous sommes confrontés, à commencer par les besoins en ressources humaines.
Dans le prolongement direct du discours du Président de la République du 6 janvier, le ministre de la Santé annonce pour le 25 janvier le dévoilement d’une feuille de route nationale issue des déclinaisons territoriales du CNR Santé. La philosophie générale devrait notamment tourner autour de la responsabilité partagée au sein des territoires, pour trouver sur le terrain les meilleures solutions. Je souscris évidemment à cet esprit, en résonance avec une vision positive de notre potentiel d’intelligence collective, faisant renaitre l’esprit Covid. Pas déclinologue, disais-je !
Pour parvenir à proposer à la population les bonnes solutions de santé, plusieurs écueils sont malgré tout à contourner à tout prix : une planification trop rigide et déconnectée, qui briderait les capacités d’initiative des acteurs en les mettant en coupe réglée, et irait à l’inverse des résultats recherchés ; ou la création de nouveaux échelons de complexification de la gouvernance, alors que tout existe déjà – je pense aux Conseils Territoriaux de Santé par exemple – et mérite d’être renforcé et conforté. Un travail rigoureux, fondé sur la donnée, doit aussi être mené pour apprécier les périmètres les plus pertinents d’intervention, et donc pour définir finement la notion de « bassin de vie ». Et bien sûr, il serait opportun de remettre la démocratie sanitaire dans le débat… car dans ce pays défiant a priori sur l’efficacité de l’action publique, toute décision doit être accompagnée de la transparence, de la concertation et de la pédagogie nécessaires.
Lamine Gharbi