On touche là à un ressort profond de la société, ce « ce n’est pas pour moi », mélange d’autocensure, d’inhibition et de préjugés. Il est d’autant plus difficile à combattre dans un pays profondément fracturé (« balkanisé », disent les sociologues), où la résurgence des querelles de chapelle affleure toujours : le débat sur « les deux écoles » l’illustre pleinement aujourd’hui.
Ce sujet trouve une résonance toute particulière dans le monde de la santé, qui se doit d’être par excellence, dans l’accueil et le soin de tous. Dans les hôpitaux et les cliniques, le « c’est pour moi » est inconditionnel ; c’est ce que chaque patient doit se dire, et ressentir. Ce n’est pas le statut qui gouverne ce principe, mais la mission. Cela suppose là aussi de déconstruire un certain nombre de dogmes, notamment sur le rôle du secteur privé.
Car le dogme jette trop souvent un voile opaque sur la réalité. Cette réalité, c’est celle, partout sur les territoires, d’établissements de santé privés « pour tous ». Proximité : 80% des Françaises et des Français vivent à moins de cinq minutes d’une clinique privée. Solidarité : 20% des patients pris en charge dans nos établissements sont en situation de précarité. Et exigence dans la qualité – des soins, du parcours, de l’information…, qui est la meilleure garantie de l’égalité de tous devant la santé.
Mettre un terme au « ce n’est pas pour moi » suppose d’accompagner et soutenir les acteurs qui, dans tous les domaines (culture, éducation, santé…), enfoncent les préjugés, lèvent les barrières et renforcent la cohésion sociale. Les cliniques et hôpitaux privés à missions n’ont qu’un but : que chaque patient qui veut s’y faire soigner puisse dire « C’est pour moi ».
Lamine Gharbi