Malgré les difficultés, malgré les pénuries de professionnels, les acteurs hospitaliers sont pleinement mobilisés pour répondre aux besoins de soins des Français, et les données 2023 et 2024 semblent illustrer cette dynamique. Au regard des défis d’accès aux soins dans notre pays, cette – rare – bonne nouvelle devrait être encouragée par la puissance publique, grâce à un juste financement. Pourtant, au mépris de toute logique, les premières informations filtrant sur le PLFSS traduisent une pénalisation des acteurs de santé, avec une évolution nette de l’Ondam de 0,2%.
La santé est certes érigée en priorité politique. Et pourtant, nous ne pouvons que constater le décalage entre cet affichage et les décisions court-termistes envisagées, parmi lesquelles l’utilisation de l’Ondam pour financer le déficit des caisses de retraite : soit 1,2 milliard sur les 3,3 milliards d’évolution de l’Ondam ! Pourquoi les moyens qui devraient être alloués à la santé des Français sont-ils dévoyés au profit d’autres priorités ? Où sont la cohérence et la charpente dans tout cela ? Un financement négatif de nos budgets n’est pas supportable ni envisageable, d’où la demande portée par toutes les Fédérations hospitalières d’une évolution a minima de 3,1% de l’Ondam établissements de santé.
Autre incohérence, autre injonction paradoxale : alors que le ministère du Travail appelle les branches professionnelles à adopter des politiques salariales ambitieuses, les accords salariaux nécessaires à l’attractivité des métiers de la santé, en pleine situation de pénurie, ne reçoivent pas le financement adéquat. Cette situation menace directement l’accès aux soins dans un contexte qui exige la mobilisation de tous les professionnels et leur engagement en coopération sur les territoires.
En résumé, nous observons un retour à la logique du rabot comptable à court terme. Pourtant, en sus d’une multitude de rapports tous unanimes, les acteurs de l’écosystème de santé sont prêts à s’engager dans une approche pluriannuelle. Les Fédérations hospitalières demandent instamment la signature du Protocole de pluriannualité des ressources, posant des engagements réciproques forts et activant de vrais leviers d’efficience. Nos pistes de travail sur le sujet doivent être prises en considération, non pas balayées d’un revers de main.
Là est peut-être l’ultime paradoxe : manier le rabot, constater que cela ne fait qu’aggraver la situation, et pourtant différer sans cesse les arbitrages qui changeraient vraiment la donne.
Alors que les débat sur le PLFSS commencent en commission à l’Assemblée Nationale le 21 octobre, nous ne voyons rien dans les propositions faites aujourd’hui, qui aille dans la direction d’un meilleur accès aux soins.
Lamine Gharbi